Paris 1752… la saga !
Episode 1 – Samedi 22 juillet, Les Surprises
Méditations pour le Carême de Marc-Antoine Charpentier
Les Surprises, direction Louis-Noël Bestion de Camboulas
Des « Surprises » !
Nous en aurons durant ce Festival et dès le début !
Avec Louis-Noël Bestion de Camboulas et son ensemble éponyme, nous commençons par rencontrer Marc-Antoine Charpentier dont l’œuvre que nous allons entendre le samedi 22 juillet, les Méditations pour le Carême, n’aurait pas été connue sans le rôle éminent de son contemporain, un collectionneur avisé, Sébastien de Brossard (1655-1730).
Sébastien de Brossard, 1655 – 1730
Celui-ci, jeune prêtre intéressé par la musique, profite de ses différentes nominations à Paris, Strasbourg et Meaux pour se constituer une bibliothèque musicale. Il compose lui-même une œuvre considérable, (motets, cantates, Leçons de Ténèbres, oratorios, de nombreux airs profanes et de la musique instrumentale). Il rédige le premier Dictionnaire de musique en français, une Histoire de la musique ainsi que le Catalogue de sa bibliothèque. D’autre part, il recopie nombre d’œuvres de son époque et c’est ainsi qu’est parvenue jusqu’à nous l’unique copie des Méditations de Marc-Antoine Charpentier et ses règles de composition.
Pourtant, il aurait pu en vouloir à Marc-Antoine Charpentier qui fut nommé maître de musique à la Sainte Chapelle à Paris en 1698 au poste qu’il convoitait …
Sa bibliothèque de près de 1000 ouvrages, qu’il lègue à la Bibliothèque royale, représente un véritable trésor pour la connaissance de la musique de son époque. Ce concert lui rend aussi hommage.
Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) naît dans une famille aisée de Meaux, se rend à Rome où il aurait étudié auprès de Giacomo Carissimi dans les années 1660. Sa musique sera définitivement marquée par le style italien, ses effusions et son lyrisme. Il rentre à Paris et est engagé au service de Marie de Lorraine, Mademoiselle de Guise, pour l’ensemble musical de laquelle il compose pendant dix-huit ans !
Mais il n’est pas facile de vivre à l’ombre… du Roi Soleil qui emploie Lully ! Celui-ci se fait octroyer un privilège en 1672 qui lui permet de contrôler personnellement toute la production musicale et sa représentation sous peine d’amende ! Un système mafieux en quelque sorte !
Molière et Charpentier en feront les frais car malgré un assouplissement des règles par le Roi, Lully fera reprendre la partition du Malade imaginaire plusieurs fois ! Charpentier compose ensuite pour Corneille. Il demeure apprécié du Roi, qu’il rencontre souvent, et qui le nomme maître de chapelle du Dauphin au grand dam de Lully qui n’aime pas qu’on le concurrence…on l’a vu précédemment et qui le fera « licencier » ! Toutefois, il composera quand même la musique des obsèques de la Reine Marie-Thérèse.
Dans les années suivantes, il se consacre à la musique sacrée notamment pour les Jésuites au collège Louis-le-Grand, poste assez prestigieux, et auprès de nombreux établissements et ordres religieux parisiens. Il reçoit une pension du Roi et compose un Te Deum pour le rétablissement de sa santé en 1687.Il ne se doute pas que cette œuvre le fera (re)connaître quelques siècles plus tard dans toute l’Europe !
Après la mort de Lully, en 1687, la création musicale se libère ! Comme d’autres compositeurs, Charpentier écrira un opéra en 1693, Médée, sur un livret de Thomas Corneille mais, devant le peu de succès de cette œuvre, il se concentre sur sa musique religieuse jusqu’à sa mort après avoir été nommé à 55 ans maître de musique des enfants à la Sainte Chapelle du Palais en 1698.
L’impossible Lully aura tenté par tous les moyens de réduire Charpentier au silence mais, il obtiendra le contraire ! Charpentier n’en sera que plus stimulé sans doute, et donnera libre cours à son art fait de ce mélange de styles italien et français qui en fait toute l’originalité, par ses contrastes, son expressivité, sa sensualité, ses dissonances si recherchées et son intériorité.
Ce si discret, voire énigmatique, Charpentier s’est révélé complètement dans sa musique.
Cette discrétion peut, peut-être, expliquer que l’on a attendu les années 1950 pour le redécouvrir. On pense qu’il a composé environ 800 œuvres,
Il a pris la peine de classer ses manuscrits dans ses « Mélanges ». Il n’en reste que 500. Le catalogue raisonné de ses œuvres fut publié en 1982 par H.W. Hitchcock., un musicologue américain. Les œuvres apparaissent désormais numérotées et précédées d’un « H ». Ainsi les Méditations pour le Carême sont- elles répertoriées de H380 à H390.
Les Méditations sont dix courts motets représentant un véritable théâtre spirituel inspiré de la Passion du Christ. Ils sont interprétés par 3 voix d’hommes, une basse, un ténor, une haute-contre qui incarnent plusieurs personnages chacun, traduisant à la fois les dimensions spirituelles et dramatiques de l’œuvre.
Les méditations de Carême par Louis-Noël Bestion de Camboulas et son ensemble, les Surprises