"Les Pastorales Baroques", à la rencontre des musiciens du Festival 2024

Le Concert Champêtre - Giorgione / Titien

Dans ces paysages montagnards et au milieu des troupeaux que nous croisons en altitude, le thème pastoral a fini par s’imposer pour cette 15ème édition du Festival Valloire baroque.

Nous avons célébré, au cours des 14 festivals précédents, des pays, des compositeurs, des époques mais pas encore notre environnement le plus proche. C’est, cette année, chose faite !

Au son des fifres et des tambourins, nous danserons et chanterons la nature, ses dieux, ses poètes, sa faune, sa flore… qui ont inspiré tant d’œuvres d’art à l’homme. Nous aurons l’occasion de rendre hommage aux artistes qui l’ont célébrée et au cours des concerts du Festival de découvrir quels compositeurs l’ont évoquée voire invoquée !

Episode 6

L’ensemble Faenza nous convie à un safari musical ! Nous mettrons à contribution nos oreilles à défaut de jumelles, pour « traquer » les animaux dans leurs repères, en l’occurrence les partitions des airs pastoraux, des airs à boire, des cantates, « petits airs et vaudevilles » sur les textes poétiques de Jean de La Fontaine !

A nous donc la faune la plus baroque ! Les oiseaux, les abeilles, les papillons mais aussi les serpents et bien sûr le lion que La Fontaine utilisa maintes fois pour décrire le roi… des animaux mais aussi

Louis XIV !

La musique sera empruntée à Marin Marais, et François Couperin que nous avons déjà croisés dans les précédents festivals mais aussi Nicolas de Chédeville et Jacques-Martin Hotteterre auxquels nous allons nous intéresser.

Nicolas Chédeville (1705-1782)

« Le joueur de musette le plus célèbre de France »

Il est né dans une famille de 3 frères musiciens qui maitrisaient parfaitement la musette (forme baroque de la cornemuse), et qui se sont fait aussi connaître en tant qu’éditeurs et compositeurs.

Il succèdera à son oncle et parrain Louis Hotteterre, membre d’une autre famille de musiciens dont nous parlerons avec Jacques-Martin, en tant que joueur de musette et hautbois à l’Orchestre de l’Opéra.

Il se mariera très tard (70 ans !) avec la fille de son valet ! Mais cela ne lui portera pas chance : il accumulera les soucis financiers, vendra ses maisons et… divorcera ! Il reprendra sa charge dans les Grands Hautbois à l’Opéra et meurt en 1782 à Paris.

La musette est à la mode à la Cour de Louis XV, la Reine et ses filles joueront ses œuvres : on est en pleine période, en peinture, de Boucher et Watteau et l’aristocratie aime les plaisirs rustiques !

Ses premières compositions, les Amusements champêtres de 1729, sont écrites pour musette et vielle à roue.
Passionné par la musique italienne, il transcrit les Quatre saisons de Vivaldi qui deviennent les Saisons amusantes et obtient le privilège de publier des arrangements de 10 compositeurs italiens.

Mais, noirceur au tableau, il se fit passer pour… Vivaldi écrivant avec l’aide d’un cousin pour la publication et même l’attestation notariale (!), Il pastor fido… dont Vivaldi n’entendit sans doute jamais parler ! Toutefois ses élèves ont soupçonné la supercherie qui ne sera dévoilée qu’en 1989 par le musicologue Philippe Lescat ! Jusqu’où peut mener l’amour de la musique italienne…

Musette de cour

Jacques-Martin Hotteterre, membre d’une nombreuse famille !

Membre de la famille évoquée plus haut, qui est réputée comme facteur d’instruments à vent en Normandie, apportant de nombreuses innovations à la flûte et au hautbois dont l’inventeur serait son grand-père. Les membres de la famille sont nombreux et talentueux et joueront pour le Roy dans les différentes formations royales. Jacques-Martin en est le plus célèbre.

Après un séjour romain qui lui vaut son surnom de Romain, il entre comme hautbois à la Grande Écurie et flûte à la Chambre du Roy.

Il fait un riche mariage qui lui permet de se consacrer à ses œuvres et son enseignement.

Ses œuvres sont multiples, allant des airs à boire, Buvons à tasse pleine (!), à de plus savantes pièces pour flûte traversière et autres instruments. Elles seront publiées en plusieurs recueils entre 1712 et 1722 ainsi que ses méthodes publiées jusqu’en 1765 avec de nombreuses illustrations décrivant les instruments.