"Les Pastorales Baroques", à la rencontre des musiciens du Festival 2024
Dans ces paysages montagnards et au milieu des troupeaux que nous croisons en altitude, le thème pastoral a fini par s’imposer pour cette 15ème édition du Festival Valloire baroque.
Nous avons célébré, au cours des 14 festivals précédents, des pays, des compositeurs, des époques mais pas encore notre environnement le plus proche. C’est, cette année, chose faite !
Au son des fifres et des tambourins, nous danserons et chanterons la nature, ses dieux, ses poètes, sa faune, sa flore… qui ont inspiré tant d’œuvres d’art à l’homme. Nous aurons l’occasion de rendre hommage aux artistes qui l’ont célébrée et au cours des concerts du Festival de découvrir quels compositeurs l’ont évoquée voire invoquée !
Episode 3
…ou une partie de campagne avec Mozart, Corrette, Rameau et Haydn ! Nous nous intéresserons aux Petits riens de Mozart et à Corrette, ayant déjà parlé en d’autres occasions de Rameau et de Haydn !
On ne présente plus Mozart, mais sans doute il y a-t-il encore quelque chose à découvrir dans ses Petits Riens !
Mozart...
…a 22 ans lorsqu’il arrive à Paris pour la troisième fois avec sa mère, Anna-Maria. Il espère beaucoup de ce voyage, mais il sera fort déçu de l’accueil qu’on lui a réservé, malgré les recommandations dont il est porteur. Grimm devait lui ouvrir des portes, il ne se fatiguera guère pour l’aider et la frivole aristocratie, autrefois enthousiaste devant l’enfant prodige, ne manifeste que peu d’intérêt pour le jeune homme. Il est obligé de donner des leçons pour financer son séjour.
Seul Jean-Georges Noverre accepte de le recevoir. Il est maître de ballet de l’Opéra et lui propose de participer à la composition des Petits Riens, un ballet-pantomime donné en complément de le Finte Gemelle de Niccolò Piccinni le 11 Juin 1778.c’est une œuvre constituée de numéros très courts enchaînés sans lien réel, très disparates, mais charmante et élégante.
L’accueil est favorable, mais le nom de Mozart n’est même pas mentionné sur le programme et aucune commande ne suit…
De plus, Anna-Maria tombe subitement malade et s’éteint le 3 Juillet.
Mozart est effondré mais essaye néanmoins de trouver quelque commanditaire. Il en trouve un en la personne de Joseph Legros, ancien chanteur célèbre, apprécié de la Cour, devenu Directeur du Concert spirituel que nous avons rencontré lors du Festival de l’an dernier. Il lui commande 3 symphonies qui seront exécutées au Concert Spirituel. Malgré un accueil favorable, Mozart, peu enclin aux intrigues et courbettes de la Cour, quittera Paris le 26 Septembre 1778, amer et déçu par la capitale française dont il ne retirera que des petits riens.
Michel Corrette (1707-1795)
Michel Corrette est né en 1707 à Rouen, fils d’un organiste qui le forme. Il souhaite le devenir mais échoue à un concours et s’oriente vers la carrière de professeur et compositeur. Sans doute à regret car il publiera de nombreuses œuvres pour orgue tout au long de sa vie. Dès 1727, il publie ses premières œuvres, édite des concertos pour orgue ou clavecin à partir de 1737 et un livre de Noëls vers 1740, puis des Offertoires, des Magnificat, et des Pièces d’un genre nouveau en 1787, dernier livre d’orgue de l’Ancien Régime et des œuvres de chambre à la mode italienne.
Son œuvre est abondante et s’adapte au goût du jour mais cela lui jouera des tours ! On lui reprochera ses « ariettes ou rigaudons et autres péchés mignons des organistes » ! Il aura du mal à se débarrasser de son étiquette de musicien populaire, léger et complaisant alors qu’il est aussi un auteur de méthodes pour violon, alto, violoncelle, vielle à roue, flûte à bec, harpe, basson, chant etc.…
Il est vrai qu’il est engagé dans des orchestres de foires, des théâtres, et crée 25 « concertos comiques » écrits pour l’Opéra-Comique, les Amusements du Parnasse (1749 à 1772), transcrivant des airs célèbres, (J’ai du bon tabac), des airs militaires, des romances à la mode, des Divertissements pour clavecin ou piano forte (1789).
En ce qui concerne notre thème pastoral, Corrette s’inscrit parfaitement dedans, à l’aise dans ses 6 Symphonies de noëls arrangés en quatuor représentant bien le monde des pastoureaux et des santons et terre cuite !
Il occupe aussi des postes d’organiste à Sainte-Marie du Temple à Paris au service des Prieurs issus de la famille royale jusqu’à la Révolution et chez les Jésuites jusqu’à leur expulsion en 1762 et sera l’un des organistes les plus en vue de Paris.
Ainsi, grand organiste, grand pédagogue, il fut injustement jugé et méconnu alors que pleine d’humour et de gaieté, son œuvre adaptée à son époque n’a cherché qu’à lui plaire !