Le Thème du Festival 2024
Pastorales baroques
On peut se demander quelles étaient les conceptions des choses de la nature à l’époque de la construction de l’église de Valloire. La vie de la nature est un mouvement « complètement baroque », contradictoire, jubilatoire ou tragique… et, en ouverture du festival, c’est « toute cette vie » qu’exprimera la ductilité du violon de Domitille Gilon et de son Ensemble Stravaganza. De même l’Orchestre des pays de Savoie dirigé par le claveciniste Bruno Procopio nous fera entendre tout ce monde jouant et dansant, tel que le ressentent le jeune Mozart, Haydn, Rameau.
La mythologie du lien entre vie humaine et animale sera servie par l’Ensemble Scherzi Musicali de Nicolas Achten dans l’opéra de chasse de Marc-Antoine Charpentier, Actéon. Cette pastorale est une entrée dans la tragédie lyrique tout en donnant un symbole aux animaux sensé être un enseignement pour les hommes. Ne se prenant pas trop au sérieux, les rôles étaient tenus par Charpentier lui-même et des serviteurs du duc de Guise. Plus légère encore sera la farce champêtre de l’ensemble Artifices pendant laquelle nous entendrons la Cantate des paysans de Bach chantée en français afin de percevoir leur complicité, illustrée par des pastiches et chansons populaires d’un contemporain de Bach. L’ensemble Faenza de Marco Horvat tournera son regard vers un bestiaire en s’appuyant sur les poésies de Jean de La Fontaine. Ici, tout ce monde animal ressemble à tel ou tel trait de caractère humain ! Évidemment, il était difficile de voir la nature comme un sujet ; elle était plutôt objet d’études ! Mais on s’amusera bien avec les chanteurs !
Le festival se terminera avec la Pastorale de Noël de Charpentier par La Chapelle rhénane dirigée par Benoît Haller : sa musique est un exemple de cette rencontre entre les bergerettes profanes et l’histoire sacrée qui se cache quelque part dans notre terre. À ce propos, la curiosité nous mènera aux deux « concerts promenades » assurés par Les Traversées baroques qui vont nous chanter « Tupasy », Marie, mère de Dieu, mais … en Amérique du Sud. Quelle musique surprenante pour Celle que l’on interpelle de partout pour protéger notre terre-mère !
Mais la terre-mère de Maurienne nous interpelle : si la virtuosité baroque devenait réelle, si elle devenait danse acrobatique des corps ? Et si la musique baroque provoquait le duo des deux acrobates invités ? C’est ce que propose avec force l’Ensemble Toccata e Fuga dirigé par Mathilde Horcholle, directrice de l’Établissement d’Enseignement Artistique Maurienne-Galibier dont le festival est honoré de la venue.
Gaël de Kerret, Directeur artistique
Gaël de Kerret a parcouru l’Europe des festivals et des radios pendant une quinzaine d’années et a enregistré une vingtaine de disques en abordant la musique ancienne (A Sei Voci, Clemencic Consort) comme la musique contemporaine (2E2M, TM+, Groupe Vocal de France, Orchestre Philarmonique de Radio-France…). Il a chanté entre autres à La Fenice de Venise, au Musikverein de Vienne, au festival d’Utrecht, de Montpellier, à Radio-France, à l’IRCAM ou dans le cadre de l’Union européenne des Radios avec des chefs comme Philippe Herreweghe, Jean-Claude Pennetier ou Jean-Claude Malgoire. Il a aussi dirigé, en 1997, le Chœur d’enfants de l’Opéra de Paris pour une dizaine de concerts et un enregistrement. Il est le Directeur de l’Ensemble baroque Les Cours Européennes, et, depuis sa création, Directeur Artistique du Festival Valloire baroque. Passionné par la pédagogie, il est Professeur hors classe et enseigne pour des chanteurs en cours de professionnalisation au Conservatoire à Rayonnement Régional de Versailles.