Le thème 2020

Gaël de Kerret, Directeur artistique du Festival Valloire baroque

Le Saint Empire

Après Versailles en 2019, thème que tout un chacun pouvait apprivoiser facilement, notre esprit de recherche va nous orienter cette année vers quelque chose d’inhabituel : la musique d’Europe centrale ! Sous la bannière du Saint Empire romain germanique, d’extraordinaires musiques ont eu lieu dans cette sorte d’Europe recouvrant de nombreux duchés, royaumes, principautés dont la Savoie fit partie ; le blason de la Maurienne est inspiré de celui du Saint Empire romain puisque les deux dessinent un aigle sur fond jaune.

À tout Seigneur, tout honneur, le festival ouvrira avec Stravaganza de Domitille Gilon et Thomas Soltani qui rendra hommage à la famille des Habsbourg en Autriche, qui a régné cinq siècles à la tête du Saint Empire et attiré de nombreux compositeurs locaux secondés par leurs homologues italiens qui furent très étonnés par exemple en Hongrie de l’utilisation virtuose du violon à travers les danses tziganes, suscitant des œuvres surprenantes que nous offrira le grand ensemble hongrois Capella Savaria sous la direction de Zsolt Kalló.

Le lendemain, La Rêveuse que nous connaissons bien à Valloire nous donnera avec Florence Bolton et Benjamin Perrot un aperçu de ce que l’on appelle le stylus fantasticus, notion de l’époque qui indique bien les étrangetés qui pouvaient être entendues par exemple en Bohême.

Nous arrivons en Pologne avec Clematis de Stéphanie de Failly et Brice Sailly avec la soprano Maïlys de Villoutreys qui nous feront entendre les compositeurs italiens « montés » en Pologne rencontrant leurs homologues !

Mercredi, Hélène Schmitt nous expliquera la scordatura baroque : on n’a jamais vu ça ailleurs ! On ne pouvait donc éviter ces fondamentales Sonates du Rosaire d’Heinrich Biber par Luceram qu’elle dirige, ni, le lendemain, les curiosités de la bibliothèque d’un Prince Évêque morave, par Artemisia également dirigé par Hélène Schmitt !

Enfin, les Jésuites avaient fait de l’Empire une sorte de communauté d’ordre sacré en construisant partout des collèges et de splendides églises rococo. Ils avaient attiré de nombreux compositeurs romains pour la splendeur des masses chorales. Tous les puissants politiques avaient fait de même pour leur propre gloire. Le meilleur exemple de ce courant musical est Zelenka que nous entendrons – pandémie oblige – non pas dans un oratorio mais dans un cycle de dialogues entre solistes vocaux et orchestre. L’ensemble tchèque Musica Florea dirigé par Marek Štryncl apportera alors des surprises baroques de Zelenka que sont des enchaînements de tonalités inhabituels.

Pour nous aider à comprendre ces contrées, n’hésitons pas à assister aux libres-cours offerts par les musiciens !

Bonnes découvertes !